
Copy this, Copy that. Par Leeks. CC-BY-NC. Source : Flickr, reprise par Lionel Maurel
Copy party – Communs, données publiques et culture libre (14/03/13, Bibliothèque de Rezé, avec Lionel Maurel)
Le bilan subjectif, par Lionel Maurel, de l’ensemble de cette journée est à lire sur son site scinfolex. Il y témoigne de ce qui s’est passé ce jeudi 14 mars à Rezé. Merci à lui pour son intervention de grande tenue, limpide et riche, mais aussi pour sa présence attentive, marque de son intérêt avéré pour le partage et l’échange de connaissances et de questions, dont témoigne cet article, et particulièrement cette phrase :
« L’enseignement que je tire de cet évènement, c’est qu’il paraît important d’inscrire la Copy Party dans une démarche plus vaste et d’en faire le support d’une action de médiation culturelle. »
…Où le modèle hybride (expérimental et ouvert) que représente ce cycle de formation porte ses fruits, quand l’intervenant vient y apprendre quelque chose en même temps que de délivrer son savoir (et quel savoir)
…Où les mots co-apprentissage et mutualisation ne sont pas vains.
I –Ce que copier veut dire par Lionel Maurel
En powerpoint, ci-dessous, les slides de Lionel Maurel, et la captation vidéo de la conférence qui les accompagnait. Beau moment d’éducation et de réflexion, où l’arme de compréhension du monde qu’est la langue (si spécifique) du Droit nous est livrée explicitée, plutôt qu’assénée. La perspective de Lionel Maurel remonte loin (jusqu’aux Temps des cavernes), ne néglige pas les détails essentiels, et demeure accessible.
« Ce que j’ai voulu démontrer dans ma présentation : « Ce que copier veut dire ». Contrairement à ce que l’on veut trop souvent nous faire croire, copier, ce n’est pas voler ou tricher, mais apprécier, partager et réinventer pour créer à son tour.
Et c’est comme cela depuis la nuit des temps… Notre époque est la première à perdre le sens de cette vérité profonde. »
Captation vidéo de l’intervention de Lionel Maurel.
II – Copy party (dans la Médiathèque Diderot)
Principes de l’expérimentation
Le 7 mars 2012, à La Roche-sur-Yon, Lionel Maurel, Silvère Mercier et Olivier Ertzscheid inauguraient le concept de Copy Party, par une première mondiale qui fait date. Le happening est à la fois militant et pédagogique : Lionel Maurel en explicite les fondements sur son blog (Silex) : » Depuis une réforme du régime de la copie privée intervenue le 20 décembre 2011, le législateur a explicitement indiqué que les copies privées, pour être légales, devaient être réalisées à partir d’une « source licite ». La loi n’indique cependant pas que ces sources licites sont limitées aux exemplaires dont le copiste serait propriétaire. A ce titre, il existe d’autres manières de se procurer de telles sources licites et les bibliothèques en sont une. En effet, consulter ou emprunter un document en bibliothèque constitue un moyen d’accéder légalement à une œuvre protégée. C’est la raison pour laquelle une Copy Party est désormais possible en bibliothèque. Avant la réforme de décembre 2011, des incertitudes existaient, à la fois dans la jurisprudence et dans la doctrine, au sujet de cette question de la source licite (dite aussi, « licéité de la source »).
Lors de la Copy Party, vous pouvez donc réaliser des reproductions à partir des documents et ressources qui font régulièrement partie des collections de la bibliothèque. Cela vaut par exemple pour les livres, les périodiques (revues et magazines), les CD ou les DVD. »
Notre proposition faite à Lionel Maurel, un des auteurs-initiateurs de cette journée et de ce concept, à la fois bibliothécaire et juriste, était de nous aider à réfléchir ensemble, par le biais de ce mode de rassemblement, sur cette notion de « communs » qui nous concerne tous. Son propos introductif (voir ci-dessus) aura mis en perspective la notion de Copy Party, laquelle, mise en pratique ensemble, fut une promenade réflexive (et non pas un hold-up, ou braquage de ressources ou ce qu’on pourrait s’imaginer en lisant trop vite : l’évènement Copy Party a des règles, il respecte les lois en vigueur et les interroge) au cœur de ce beau bâtiment, qu’est la Médiathèque Diderot de Rezé, une flânerie orientée.
Au top départ, lorsque chacun part en quête de quelque chose à copier, ce qui s’entame est un moment de recherche, d’une recherche active. Que voudrais-je emporter avec moi, et garder, de ces milliers de documents, se dit-on, face à la masse documentaire. Et tout comme une contrainte formelle et temporelle précipite l’écriture, en contexte d’atelier, l’orientation vers la copie, la formulation de cet « objectif » ludique enrichit notre errance entre les rayonnages.
L’échange qui suit, et conclut ce deuxième moment de la journée est riche en nouvelles questions et problématisations, entre bibliothécaires et usagers, entre individus, entre lecteurs, auditeurs, regardeurs : un partage.
III – Atelier de pratique
Durant cet atelier de pratique en groupe restreint, nous avons ensuite revisité, avec Catherine Lenoble, certaines des questions posées le matin, lors de l’intervention de Lionel Maurel et de la Copy Party qui suivit. Nous continuons de nous plier aux règles strictes de la copie privée : et pour ne pas diffuser de copie de ce document destiné à usage privé, nous en appelons à l’intertextualité, à la réécriture de ce que nous lisons. Ce que je copie je le lis, je me l’approprie, et sitôt lu, appréhendé, approprié, il en résulte autre chose. Ce que je lis, je le transforme, je l’augmente de ma lecture. (Et le partage des connaissances est un élan, une porte ouverte vers de futures créations).
Exercice 1 Amplifier ou dégrader (Copie de copie de document)
Partant du document copié le matin même, gardé par devers soi, nous couplons cette appropriation à une réflexion sur sa nature même. Qu’advient-il de ce dont nous nous emparons, ce que nous lisons n’est-il pas sitôt réécrit en nous ? Après présentation de l’autobiographie des objets de François Bon (où chacun des objets du passé considéré ouvre, sinon un monde, du moins sur une perception et un trajet dans le monde : c’est comme si, chacun de ces objets, scruté, regardé de près puis de plus loin, envisagé dans ses rapports multiples avec son propriétaire, son intercesseur, son origine, sa destinée, pouvait permettre de déplier de façon heuristique une manière de voir et un parcours, à la fois intime et générique), nous allons scruter le document comme nous scruterions un objet étranger, et tenter d’en écrire tout ce qu’on peut en écrire jusqu’à épuisement.
La consigne, donc :
Réécrire ce document – sans le paraphraser : c’est à dire : si c’est une image, l’écrire sans insert d’images ; si c’est du texte, l’écrire sans rien en citer ; l’écrire autre ; n’en révéler, dans le corps du texte, aucun élément contextuel trop éclairant (notice, auteur, date).
Les textes produits sont à lire ici.
Exercice 2 – Le glossaire, suite.
Après l’intervention du matin, par Lionel Maurel, relevé collectif des mots nouveaux pour les participants, travail de documentation en ligne puis reformulation individuelle par chacun des participants, d’un élément de langage inédit pour elle/lui. Les textes produits sont à lire ici.
Cette suite vient s’ajouter au #glossaire en germe, démarré journée 1, à lire ici.